LE POUVOIR DE DESINFORMER : Le systéme médiatique occidental en action

Les citoyens que nous sommes, ingurgitons des tonnes d’informations quotidiennement. Ces informations nous arrivent de partout, par les ondes radiophoniques ou hertziennes, par satellites, du net, bref, tout le monde est d’accord pour dire que les humains n’ont jamais autant reçu d’informations mais en même temps, paradoxalement, l’information n’a jamais été aussi manipulée que de nos jours.
L’information est une arme, dit-on, elle est plus qu’une arme, c’est un pouvoir organisé, confisqué par quelques puissances pour formater nos esprits, et asseoir leur domination. Ce pouvoir est comme une pieuvre avec plusieurs tentacules, tantôt il intoxique, tantôt il sous-informe, il peut aussi, plus souvent qu’on l’imagine, désinformer ou contre-informer.
Selon un spécialiste de la communication « la désinformation permet la diffusion d’informations fausses ou faussées. La situation des pays du Tiers Monde relève en général de la désinformation ; l’auditeur ou le téléspectateur n’a aucun moyen de contrôle, il est obligé de croire ce qu’il voit et entend. ».
L’enjeu est important pour les maîtres du jeu ; grâce et par ce matraquage quotidien relatif à de non-sujets et par la tenue à distance de causes d’importance, le royaume de la pensée conforme à leurs intérêts (ou pensée unique) s’étend progressivement.
L’ampleur des moyens déployés et l’existence de relais puissants permet de passer sous silence ou de traiter longuement certaines affaires pour détourner l’attention. Les agences de presse qui dominent la planète œuvrent chaque jour pour défendre les intérêts d’un système dominant bien organisé.
Au-delà du contenu parfaitement mis en musique, et orienté, chaque mot est pesé, soupesé, d’ailleurs, ne dit-on pas « dites-le avec des mots ».
Allons, alors, à la croisade de ces mots en citant quelques exemples.
Le mot « dictateur » est largement utilisé par les medias occidentaux, françafricains et même africains, on peut se demander à partir de quand, un Chef d’Etat africain devient un dictateur, par exemple, pour RFI ?
Réponse : quand il n’est plus au pouvoir et qu’il n’a pas été un fidèle serviteur des intérêts français. C’est ainsi que vous entendrez, souvent, Sonia Rolley de RFI dire de sa plus belle voix en parlant de Hissein Habré « l’ancien dictateur tchadien » ; toutefois, la même voix puissante devient subitement fluette et utilisera les termes « guide de la révolution libyenne » en parlant d’un homme qui n’a jamais organisé des élections, détenant un pouvoir sans partage, régnant sur un pays totalement privé de liberté d’expression où toute voix discordante est systématiquement foudroyée par un châtiment exemplaire ; un homme qui s’est payé le luxe d’envoyer des commandos pour liquider tous ses opposants politiques à l’étranger. Sans compter qu’il a fait sauter un avion avec 289 personnes innocentes à bord. Qui dit mieux !
De même, pour ce système médiatique, les palestiniens ne seront jamais des résistants face à une oppression israélienne qui ne sera jamais qualifiée comme telle malgré la vérité historique, politique et les réalités d’un vécu quotidien fait d’assassinats et de destructions barbares.
Pour les Chefs d’Etat africains en exercice, selon les cas, on utilisera le terme « Roitelet nègre » ou « roi nègre », feu Bongo était souvent traité de la sorte, lui qui a nourri l’ensemble de la classe politique française cent fois plus que Mme Lilliane Bettencourt.
Il ne viendrait jamais à l’esprit d’un Boisbouvier de parler de « roitelet arabe », et vous conviendrez avec nous qu’on entend plutôt « les princes du golfe ». Les collègues de Boisbouvier qui se voyaient offrir avec leur famille des séjours dans les palaces marocains ne s’exprimaient en parlant de feu Hassan II qu’en disant « le Roi » ou encore « Notre ami le Roi ».
C’est ainsi que Mugabe est devenu l’homme à abattre, « le dictateur », à partir du moment où il a exigé la restitution des terres aux populations noires comme le stipulaient les accords passés avec la Grande Bretagne au moment de l’indépendance.
Au début de l’affaire Hissein Habré, un journaliste sénégalais s’est fait rétrograder au sein de l’AFP parce qu’il avait fait une dépêche en titrant « des intellectuels sénégalais prennent la défense de Hissein Habré ». Les positions relatées dans la dépêche étaient réelles, le journaliste croyait faire son travail en informant juste et vrai, comme on dit, dans les écoles de journalisme. Mal lui en prit, le traitement de l’affaire Hissein Habré devait se faire selon les normes de la françafrique autrement dit, celles de la désinformation non stop. Sa remplaçante arriva de Paris et se mit à la tâche.
Ces faits illustrent, ô combien, l’information est sous contrôle dans nos pays, et ô combien, elle est importante pour le formatage de nos esprits.
Sans pression diplomatique, ces pays parviennent à influencer le reste du monde au niveau des analyses et des opinions sur les sujets considérés comme essentiels. Si les pays asiatiques en général, la Chine en particulier, luttent contre cette « invasion », c’est qu’ils ont pris conscience de la nocivité de cette redoutable arme soft.
Ce système s’est assuré une longévité en restant hermétiquement fermé à tout discours non conforme au moule.
Comment alors ne pas comprendre le succès planétaire de la chaîne Al-Jazira, elle qui a osé, avec ses journalistes, présenter certains événements politiques, non pas à l’aune de la « vérité » de ceux qui dominent le monde, mais en donnant la parole à ceux qui subissent cette domination.
Le pouvoir de désinformer se résume au finish à donner sur nos pays une information inexacte, approximative, dévalorisante, parfois hostile et très souvent manipulatrice.
Pour mettre en action cette politique, l’homme politique, le journaliste, l’homme d’affaires travaillent, main dans la main, avec un seul objectif : Faire vivre la françafrique. Qu’on se le dise !
Depuis plusieurs jours, à l’occasion du procès de Charles Taylor, le Tribunal spécial pour la Sierra-Leone a exigé le témoignage du célèbre mannequin noir Naomi Campbell pour soi-disant prouver que Taylor avait, en Afrique du Sud, des diamants sur lui et que partant, il en faisait le trafic pour se procurer des armes.
Ce fut l’occasion pour nous de faire le constat d’un système médiatique et politique sans pitié pour les stars noires, de Michael Jackson, à OJ Simson, Mike Tyson , Tiger Woods etc… Toutes ont été broyées par ces medias. A l’opposé, la récente affaire Roman POLANSKI a démontré le traitement de faveur dont bénéficient certaines personnes appartenant aux fratries, lobbies et cercles dominants. On ne peut qu’être choqué par le lynchage de Naomi Campbell qui n’a commis aucun délit, contrairement à Roman POLANSKI condamné pour viol sur mineure, mais dont désormais le nom et la réputation sont liés à ce que l’on a appelé les diamants du sang.
C’est d’autant plus scandaleux que la tentation de relancer médiatiquement le procès de Taylor est évidente, et le choix d’une star noire n’est pas innocent. C’est une grosse opération de diversion médiatique pour protéger les vrais coupables.
A qui ferait-on croire que les juges du TPSL ignoraient que les chemins des diamants du sang les mèneraient droit dans les grosses multinationales du diamant installées en Afrique du Sud, à Anvers, à Amsterdam d’une part, et vers les spécialistes des ventes d’armes planqués partout dans le monde d’autre part. Rien n’a été épargné à la star noire, elle avait demandé la discrétion autour de son témoignage, bien au contraire tout a été filmé et diffusé sur les chaines quasiment en direct. Pire, on a fait ensuite défiler les « amies » pour descendre en flèche les déclarations du mannequin, comme si Naomi était une pièce maitresse dans le trafic des diamants et comme si elle avait joué un rôle important dans les guerres au Liberia et en Sierra Leone.
Le même système médiatique a été d’une complaisance extraordinaire pour un homme qui a été jugé et reconnu coupable de viol d’une fille mineure, un sujet grave que les medias ont largement relayé de manière positive parfaitement en phase avec les soutiens fermes et énergiques de personnalités, comme Bernard Henri Levy et Sarkozy ; pire, le crime de viol sur mineure a été transformé en « relations sexuelles avec mineure » dans la plupart des dépêches. C’est dire le summum d’hypocrisie, d’immoralité et de discrimination atteint par cet establishment politico-médiatique, pourtant toujours prompt à donner des leçons d’humanisme et de justice aux autres.