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Le DNIS a examiné ces deux derniers jours au sein de la commission « paix, cohésion sociale et réconciliation », la question du rapatriement de la dépouille de feu le Président Habré dans son pays.
Ce qui est très important dans cette affaire, c’est de se poser la question de savoir :
Quelle est la position du gouvernement tchadien sur cette affaire ? C’est fondamental car de cette position vont dépendre beaucoup de choses.
Rappelons, qu’on a vu à l’annonce du décès du Président Habré, toute la légion gouvernementale se mobiliser, sur les médias sous contrat avec le gouvernement, sur les médias françafricains, en veux-tu en voilà, pour s’attaquer au feu Président Habré.
Le décor a été ainsi planté. Il est important que chacun comprenne, à quel jeu, les gens du pouvoir jouent sur ce dossier. Ce décor est comme une grille de lecture utile pour comprendre ce qu’ils font.
Les déclarations intempestives et volontairement blessantes des uns et des autres ne sont pas le fruit du hasard. Jugez-en !
Le Premier Ministre Pahimi a demandé à M Koullamallah, ministre de la communication de
« casser » le communiqué du PCMT présentant ses condoléances à la famille Habré. Ce dernier a déversé sa bile, oubliant son voyage à Dakar pour voir le Président Habré avant de rentrer, se rallier à Deby.
Le Ministre de la Réconciliation et patron du DNIS, Acheikh Ibn Oumar a vidé ses tripes, lui aussi, oubliant son voyage à Dakar pour voir le Président Habré.
On a tendu le micro à notre Pétain national, Goukouni Weddeye, devenu Président du comité de pilotage des pourparlers de Paris, pour mentir à son âge.
Voilà quelques prises de position officielles des membres du gouvernement et alliés de Mahamat Idriss Deby à l’annonce du décès du Président Habré. Cela donne le véritable tempo.
Aujourd’hui, nous avons vu un Président du Présidium du DNIS sortir de son objectivité indispensable dans la conduite des interventions devant l’assemblée plénière, chercher à influencer les participants, en relatant son cas personnel pendant le régime Habré, et en passant sous silence, bien sûr, ses propres turpitudes et actions contre le régime Habré.
Sans compter, le conseiller du PCMT aux « droits humains » M Makaila Nguebla, impliqué de tout temps dans l’affaire HABRÉ aux côtés des ONG et pratiquement à la charge des proches de Habré durant son séjour à Dakar, qui a fait une déclaration. Cette sortie est-elle le fruit d’une directive du groupe des anti-HABRE, bien installé, dans les arcanes du pouvoir et qui gère ce dossier ? Ou bien, ses débordements en parlant d’exigence d’une concomitance entre le rapatriement du corps et l’indemnisation, sont le résultat de son positionnement, dans cette sphère présidentielle, où il est censé rendre service à ceux qui l’ont mis à ce poste ? Tout cela n’est pas le fait du hasard. C’est l’illustration de ce qui se passe au sein du gouvernement et c’est cela le vrai travail de l’équipe du PCMT. Nous ne sommes pas dupes.
De l’escroquerie d’une demande d’indemnisation.
Le procès Habré mené par une juridiction illégale et illégitime peut-il produire une décision de justice légitime et légale ? On a vu un pouvoir, celui d’Idriss Deby qui a porté de multiples casquettes dans cette affaire : il était l’ennemi, il a créé une commission d’enquête fantoche, partiale, orientée, subjective, non indépendante, scandaleuse. Il a ensuite mis en place et payé les associations de plaignants qui ont déclaré à Dakar recevoir régulièrement de l’argent de Deby. Il a financé ce procès dont l’objectif était de mettre en place un habillage judiciaire pour priver le Président Habré de sa liberté, et ensuite, une autre face de ce complot a émergé : il fallait le priver de soins, accélérer cette maltraitance jusqu’au bout.
Pour que cette affaire Habré avance, on avait besoin d’acteurs et actrices, à qui, on a promis de l’argent s’ils acceptaient de jouer le jeu. C’est l’histoire de l’indemnisation des acteurs et actrices du complot pour éliminer le Président Habré.
Les auteurs du complot avaient prévu dans leurs statuts que : « ce sont tous les bailleurs de fonds du Procès qui allaient créer un fonds pour indemniser les acteurs du complot judiciaire. Les bailleurs sont : le Tchad, la France, la Belgique, la Suisse, etc. ». Peut-on nous expliquer, comment on a glissé, aujourd’hui, vers une indemnisation à la charge du seul État Tchadien ?
La raison est très simple : pour les bailleurs de fonds du complot, l’important était de faire croire n’importe quoi aux acteurs et actrices intéressés, en les alléchant avec des miettes. Après la fin du procès, les bailleurs de fonds devaient tenir leurs promesses en créant le fonds, en l’alimentant. Pensez-vous que l’argent des contribuables européens va être offert à des acteurs qu’on a recrutés, appris à réciter une histoire trafiquée ?
Non ! ils n’ont plus d’importance pour les occidentaux. C’est pourquoi ils ne veulent pas leur donner un franc, le procès est terminé depuis 2017. Alors, que faire ?
Dans ce pays fragile qu’est le Tchad, la toute puissante France peut faire pression sur le gouvernement et hop ! il revient désormais au seul Tchad de verser de l’argent aux escrocs du procès HABRE. La comédie a été poussée jusqu’à ouvrir un bureau de l’UA à N’Djamena sur cette question. Rappelons qu’aucun pays africain n’a contribué au financement du procès Habré, c’est donc encore une manœuvre de diversion puisque le plan est de faire payer le seul Tchad.
Il n’y a donc aucune légalité ni légitimité à verser des indemnisations à qui que ce soit dans la mesure où ce procès était aussi un crime politique contre l’histoire des évènements politico-militaires du Tchad.
On a vu M. Goukouni Weddeye refuser de venir à Dakar, malgré deux convocations. Il était protégé par Idriss Deby, qui aurait pu l’arrêter et le livrer aux CAE. Les Français, de leur côté, ont pesé sur les magistrats des CAE pour éviter de convoquer Acheikh Ibn Oumar, chef politico-militaire du CDR, lui aussi, impliqué dans des crimes de guerre dans la guerre contre la Libye. Présentés devant les CAE, ces deux hommes auraient alors eu à répondre des crimes impardonnables commis contre les combattants des FAN dans leur lutte de libération contre l’occupant libyen.
N’a-t-on pas mis Acheikh ministre et décoré récemment Goukouni ? Voilà ce qu’il faut comprendre. Il y a des profils utiles pour asservir et domestiquer un pays et il y a des profils qu’on élimine. Il faut choisir son camp. Faut-il s’étonner de voir une recommandation du DNIS demandant l’indemnisation par l’État Tchadien ?
Nous avons ainsi un groupe de personnes hostiles au feu Président Habré. Ces personnes sont positionnées dans l’attelage présidentiel et ils cherchent à porter des coups. C’est pourquoi le gouvernement n’a pas voulu traiter la question du rapatriement du corps du Président Habré mais la balancer dans le DNIS pour faire passer son plan.
Précisons un point qui permet d’éclairer la position du CMT et d’édifier le public sur les manœuvres en cours.
C’est la Chambre criminelle sur demande d’Idriss Deby qui a condamné à mort tous les chefs politico-militaires et on a rajouté feu le président Habré sur la liste des condamnés à mort sous le fallacieux prétexte qu’il finançait la rébellion, laquelle était installée au Soudan et totalement prise en charge par ce pays par ailleurs.
Alors, au titre des accords de Doha, le PCMT a pris un décret amnistiant tous ceux qui ont été condamnés à mort mais le nom de feu le Président Hissein Habré a été sorti de la liste, lui seul, a été omis de cette liste d’amnistie.
Constatons, enfin, à titre de comparaison, l’élan qui a permis la libération de Tom Erdimi avec une grâce présidentielle à la clé. Moralité : ce qu’Idriss Deby avait fait, un autre Deby peut le défaire. Comme quoi, pour faire libérer Tom Erdimi, il fallait une grande implication du PCMT, mais aussi, le poids d’une communauté portée par une mobilisation sans faille et une forte solidarité agissante. Il n’y a eu dans la gestion de cette affaire de libération de Tom Erdimi, aucun ministre ou conseiller de la sphère présidentielle pour raconter sa vie.
Il ressort de tous ces comportements très négatifs, que le gouvernement tchadien a adopté une stratégie de mélanges des problèmes au sein du DNIS tout en suivant son plan de gestion de cette affaire. L’environnement autour de la question est très pollué par les mauvaises intentions de nombreuses personnes qui sont aux commandes et sous la direction du PCMT.
Par conséquent, Il ressort de tout ce qui précède qu’il est évident que les conditions pour un rapatriement du corps du Président Habré ne sont pas réunies sous ce régime du CMT. Leur façon de gérer la question est la leur. Elle ne peut s’imposer à nous.
Le Président Hissein Habré ne mérite pas cela et notre devoir est de protéger, de défendre et d’honorer sa mémoire et non, de nous compromettre dans un bricolage honteux et une mise en scène au rabais parfaitement organisés par le pouvoir et sa tutelle. Je remercie ceux et celles qui se sont levés devant l’opinion nationale et internationale pour dire de grandes vérités sur feu le Président Habré, ils ont déjà marqué l’histoire par leur prise de position courageuse.
La vie des nations n’est jamais statique et ceux qu’on a mis en place pour gérer le pouvoir après Deby ne sont pas éternels. Nous verrons, par la grâce de Dieu, de quoi, demain sera fait.
Mme Fatimé Raymonne Habré.
Dakar, le 17 septembre 2022