CRISE GAMBIENNE : ALPHA CONDÉ DE GUINÉE, ABDEL AZIZ DE MAURITANIE ET IDRISS DEBY TACLENT MACKY SALL, IMPOSENT LEUR MÉDIATION ET SORTENT PAR LA GRANDE PORTE YAYA JAMMEH (ZOOMTCHAD.COM)

La crise électorale gambienne a débouché sur une autre crise, à savoir une guerre diplomatique, une guerre d’influences dans l’espace Ouest-africain où les jeux des alliances sous régionales ont montré la totale perte d’influence du Sénégal incarné par le régime de Macky SALL.
C’est une grosse couleuvre que Macky SALL a dû avaler avec beaucoup de difficulté ; il est vrai que la couleuvre était tellement énorme !

Revenons sur le feuilleton de la crise électorale gambienne.

Tout d’abord, il faut préciser que les relations entre le régime gambien et le pouvoir sénégalais sont exécrables. Yaya Jammeh, Président de la petite Gambie, que la presse sénégalaise compare souvent avec mépris à "un suppositoire dans le derrière du Sénégal" est un homme très orgueilleux et fier de lui. Régulièrement, il dénonce les tentatives de déstabilisations politiques des différents pouvoirs sénégalais contre son régime.
Pour lui, les pouvoirs politiques au Sénégal sont inféodés à la France. Souvent en réponse aux attaques des médias sénégalais, il disait : "Je n’ai aucun problème avec le peuple sénégalais mais avec ses Présidents. Moi, je suis le Président des Gambiens, eux sont les Présidents des Sénégalais mais ont un autre Président qui les commande. Au lieu de m’adresser les problèmes que peuvent avoir nos deux peuples, ils préfèrent me présenter les dictats des Occidentaux qui les commandent." Yaya Jammeh fait allusion à la peine de mort, à la question de l’homosexualité etc... Bref, toute l’armada habituelle d’hostilité utilisée par le pouvoir politique sénégalais contre lui, en particulier les attaques incessantes et peu glorieuses de la presse et des ONG.
C’est donc, dans cette ambiance de guerre médiatique totale contre le Président Yaya Jammeh que se sont tenues les élections présidentielles en Gambie.

Et, oh, Surprise ! Yaya Jammeh reconnaît sa défaite électorale, téléphone au vainqueur Adama Barrow pour le féliciter. Ce geste démocratique sera ressenti comme un gros coup de poing dans le ventre du pouvoir sénégalais totalement surpris. Comment accepter que le "tueur" ait finalement organisé des élections propres, transparentes qui ont permis une alternance, et qu’il reconnaisse sa défaite et fasse l’accolade à son adversaire !
Alors, la rancune, les humiliations subies par les dirigeants sénégalais dans leur guerre verbale ou par presse interposée contre Yaya Jammeh prennent le dessus. Le ton est vite donné : Yaya Jammeh ne pouvait sortir par la grande porte .Aussitôt sera lancée une grande campagne de menaces par les ONG Sénégalaises, fer de lance de la françafrique, pour traduire le Président Jammeh devant la CPI. Tout sera dit, la marionnette qu’est le nouveau Président élu déclarera que, oui le Président Jammeh devra rendre compte.

Le plan était simple et le rêve fou : braquer Yaya Jammeh, créer une crise plus grave, faire intervenir l’armée sénégalaise, cueillir Yaya Jammeh et savourer ce moment.

Beaucoup de personnes manipulées par une intense campagne médiatique en rêvaient.
Beaucoup d’ONG, de membres de la société civile, toutes des recrues à la solde des Occidentaux l’appelait de tous leurs vœux.
En toute logique, attaqué et menacé d’être traduit devant la CPI, Yaya Jammeh refusa d’accepter sa défaite et déclara vouloir saisir la justice et déposera plusieurs recours.
La crise gambienne venait de démarrer par la faute de ceux qui ont mené une grosse campagne pour la créer, à savoir les ONG et la presse proche du pouvoir au Sénégal.
Et, les autorités sénégalaises déclenchent dans la foulée

  • l’acte 1 : le nouveau Président élu s’enfuira de la Gambie pour le Sénégal, on lui fera prêter serment à l’Ambassade de Gambie à Dakar.
  • Acte 2 : le positionnement des troupes militaires et la demande d’intervention des forces de la CEDEAO qui sont très rapidement sur la frontière avec la Gambie.
  • Acte 3 : on demande aux alliés occidentaux le feu vert, la couverture, le permis de s’ingérer et le permis de tuer.
  • Acte 4 : C’est l’ivresse médiatique, l’hallali, le compte à rebours a commencé pour Jammeh, nous a t-on annoncé...
  • Acte 5 : les forces sénégalaises pénètrent en territoire gambien, une campagne de désinformation est lancée, un ultimatum est donné, nous dit-on encore.

Puis, on constate un certain piétinement, une espèce d’embourbement, bref tous les signes d’un énorme désarroi.
Échec de l’action du Sénégal et de la CEDEAO surtout que l’intervention militaire apparaît comme grosse de risques politiques, de basculement d’une zone à risques vers l’inconnu.
Le Président Mauritanien qui a toujours entretenu de bonnes relations avec la Gambie, appuyé par le Président Guinéen Alpha Condé et Idriss DEBY, Président en exercice de l’Union Africaine qui a, lui aussi de bonnes relations avec Yaya Jammeh, à qui, il a donné un contingent tchadien pour l’accompagner chez lui après la tentative de putsch qui s’est déroulée en son absence l’année dernière.

Ces trois Présidents qui ont tous de mauvaises relations avec Macky SALL vont unir leurs forces pour contrecarrer le plan du Sénégal qui veut user de la force et faire arrêter Yaya Jammeh.
La médiation est annoncée comme celle de la dernière chance, toute intervention militaire est bloquée. Le plan des trois Présidents se déroule et une grande logistique sera mise en place. Le Tchad fera venir un avion cargo pour transporter tous les biens de Jammeh, de sa famille et de ses proches. Toutes ses archives seront brûlées. Pendant ces 48 heures, les autorités sénégalaises sont mises devant le fait accompli, elles sont purement et simplement écartées de l’affaire. Un document important sera rédigé à Banjul sous l’égide des trois Chefs d’Etat, avec l’aval de l’ONU qui accepte que la crise politique se termine sans effusion de sang et sans créer des frustrations grosses de danger dans un espace où l’insécurité , la circulation des armes est très importante. Il n’est pas question de créer une autre zone de turbulences dans un espace géographique où les forces d’Aqmi sont toutes juste aux alentours. Rappelons que le groupe de concertation dans cet espace, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme comprend entre autres pays, le Tchad, la Mauritanie mais pas le Sénégal.
Ce document que vous trouverez en intégralité sur le site, donne beaucoup de garanties au Président Yaya Jammeh, pas de poursuites judiciaires contre lui, ses parents, ses partisans, les membres de son gouvernement ; pas de saisie de ses biens, ni ceux de sa famille, partisans et responsables de la sécurité et autres.
Pas de harcèlement contre le pays d’accueil, par des plaintes par exemple . La possibilité de revenir quand il le souhaite dans son pays est aussi prévu dans le document. Cerise sur le gâteau, celui que l’on qualifie de dictateur est considéré par l’UA, la CEDEAO comme un Homme d’Etat à qui on rend hommage.
Macky SALL est mis devant le fait accompli et la Communauté internationale valide l’accord. L’accord est exécuté sans aucune dénonciation, le Président Yaya Jammeh quitte le pouvoir par la grande porte pour une retraite paisible. Après son départ, le Ministre des Affaires Étrangères du Sénégal hurle en parlant de "faux" accord ; "qu’aucun Chef d’Etat de la CEDEAO n’a signé cet accord et que le Sénégal est contre l’impunité".
La chute de Macky SALL en Gambie, est lourde sur le plan diplomatique. Bousculé et mis hors jeu alors qu’il occupait le terrain gambien avec ses militaires et ses blindés. Une médiation politique rondement menée par trois Présidents agissant avec le feu vert des Occidentaux, c’est évident, a eu gain de cause. Le chef de cette médiation réussie est le Président Mauritanien qui a su trouver les mots là où les "démocrates" sénégalais voulaient faire tonner les canons pour d’une part, se venger de Yaya Jammeh et d’autre part, faire un remake de l’affaire Habré qui hante plus que jamais les esprits et les consciences, d’où cette exceptionnelle mobilisation de l’UA, de la CEDEAO et de la Communauté internationale pour assurer une sortie honorable et une retraite sans problèmes à Yaya Jammeh.

Le régime de Macky SALL désavoué et lâché par ses alliés occidentaux qui ont donné le feu vert pour la médiation en faveur de "l’impunité" du Président Gambien en quelque sorte. Cet os dans la gorge de Macky SALL explique pourquoi, on hurle à un "faux" accord au Sénégal, cris désespérés qui ne rencontrent que le lourd silence des bailleurs de fonds du procès Habré, qui sont les mêmes que ceux qui ont assuré une retraite paisible à Jammeh.
Cette déconvenue totale de la diplomatie sénégalaise, cette capitulation devant une offensive diplomatique qui n’a pas pu être contrée par le Sénégal, cette perte de terrain en Gambie symbolise une dégringolade jusqu’au bas de l’échelle par rapport au leadership ouest africain. La guerre médiatique lancée par le Sénégal contre Yaya Jammeh ne pourra pas atténuer le fait que cette médiation réussie a aménagé et permis par sa sortie tête haute, au Président Gambien de faire un bras d’honneur au Président Macky SALL qui voulait le détruire. Les relations diplomatiques dans la sous-région vont connaître des tensions après le dénouement de la crise gambienne sans effusion de sang.

Ce qui est important à souligner c’est que la crise qui s’est déroulée en terre gambienne opposait d’un côté, le Sénégal qui a déployé des militaires voulant avoir un permis de tuer et de faire arrêter Yaya Jammeh pour le faire juger, et de l’autre côté, un courant diplomatique de plus en plus fort au sein de l’Union Africaine qui veut en finir avec les poursuites judiciaires "deux poids, deux mesures" contre les dirigeants africains. Dans cette battle, le Sénégal a perdu, lâché par la CEDEAO, par l’UA, par l’ONU et même par ses alliés occidentaux malgré les services qu’il a rendus dans l’affaire Habré. A méditer…

Dans quelques jours, va s’ouvrir le Sommet de l’Union Africaine au cours duquel va être désigné le nouveau Président de la Commission de l’UA, avec certainement, des surprises quand on voit le nouveau jeu des alliances qui se déroule au grand jour.

Source : http://www.zoomtchad.com/