ACTUALITE : Juste une précision

L’article publié dans votre Journal ENQUETE n° 620 du vendredi 05 Juillet 2013 titré « Dans les couloirs d’une machine répressive » signé Aida DIENE, me contraint de prendre ma plume et d’user de mon droit de réponse. Aussi, je vous serais reconnaissant de bien vouloir le publier.
Sans prétention ni défiance, je voudrais à travers ce droit de réponse éclaircir les lanternes de vos illustres lecteurs sur le contenu de cet article qui, manifestement, comporte beaucoup d’incohérences et de contrevérités. En somme, c’est le procès de la DDS qu’il s’agit ici dans cet article à allure d’un lynchage commandé.
Il faut rappeler qu’à la chute du régime du Président Hissein Habré en Décembre 1990, son successeur et pas moins son ancien bras droit, le Lieutenant-colonel Idriss Deby ordonna par un décret N° 14/PCE/CJ/90 du 29/12/1990, la mise en place d’une Commission d’enquête chargée d’inventorier les crimes qu’auraient été commis sous le règne de son prédécesseur avec qui il a partagé les 7/8 années de pouvoir. Un complot ourdi, comme nous aurons à le voir, avec la complicité active des services spéciaux français (DGSE) qui coachaient déjà Idriss Deby depuis le Darfour soudanais où il était entré en rébellion contre Habré quelques mois auparavant.
Outre la « démocratie et la liberté » promises à coup de vuvuzela, le nouveau Raïs tchadien n’avait visiblement aucun programme politique de développement à proposer pour ses compatriotes. Le seul programme qui vaille était de discréditer en chœur et en longueur de journée le Président Hissein Habré et ses exploits multisectoriels bien visibles. Ainsi donc, la commission d’enquête travaillera durant plusieurs mois, obéissant à l’œil et au doigt de Deby et qui, très rapidement, verra plusieurs de ses membres démissionner tellement que l’orientation politique et les méthodes de falsifications des faits étaient flagrantes et choquantes.
Le 13 octobre 1992, le Magistrat Mahamat Hassan ABAKAR qui a dirigé ces travaux, publie le rapport d’enquête qui lui a été commandé par le Président Idriss Deby. Et sans surprise, il conclut à un abominable bilan : 40.000 morts, 200.000 cas de tortures et des milliers de portés disparus. Un tel travail, selon les Experts qui ont eu à se prononcer superficiellement sur le dossier, ne pourra être mené dans ce laps de temps de 22 mois. Une enquête très légère, faite à dessein et qui à l’évidence a été bâclée pour des nécessités impérieuses de politique politicienne.
Le mea-culpa du Magistrat Mahamat Hassan Abakar, géniteur de ce rapport de la Honte et du complot, est édifiant : « Lorsque j’ai terminé ce travail de la commission d’enquêtes sur le régime Habré, j’ai décidé de partir, de mener ma vie comme je le voulais. Car, vu la situation, ou bien vous devenez un griot pour le régime (de Deby mdlr), vous applaudissez très fort et on vous donne ce que vous voulez ou bien vous créez votre propre entreprise, avec toutes les difficultés que vous pouvez imaginer ». La démocratie est une supercherie. Le sale boulot étant fait, rien ne contraint Deby de respecter le contrat. Il a vite compris la nécessité d’écarter ce Magistrat gênant désormais trempé à vie dans les magouilles politiciennes.
Un rapport qui va très vite tomber dans la désuétude et ranger dans les tiroirs des bureaux d’Idriss Deby. Cependant, les médias françafricains (Rfi, Jeune Afrique, Tv5 et leurs relais locaux) utiliseront malgré tout ce rapport dans la propagande médiatique anti-Habré. Aujourd’hui, le discours change brutalement, on n’évoque plus 40.000 morts mais seulement 7 plaignants !
En 1999, Reed Brody de Human Right Watch alias « Le chasseur d’homme » s’inspire de l’affaire Pinochet en Angleterre et jette son dévolue sur l’ancien Président Hissein Habré, exilé politique au Sénégal depuis 10 ans ! Il s’y rend au Tchad, rencontre Idriss Deby et s’accapare du fameux rapport du magistrat Tchadien Mahamat Hassan Abakar. Mauvaise foi ou plutôt stratégie de récupération, Reed Brody est obligé à chaque fois d’appuyer ce rapport par les « découvertes extraordinaires » qu’il aurait faites, 10 ans plus tard, dans les locaux de la DDS. Des fiches qui retraceraient tous les horreurs vécus dans ce service de police et de renseignements. Mais personne n’est dupe, tout le monde sait de quoi sont capables les services spéciaux dans la fabrication de faux documents, de fausses preuves et les toubabs dans la falsification de l’histoire.
Monsieur Reed Brody ignore l’histoire récente du Tchad. Il devra savoir qu’à chaque changement de régime, les commissariats, palais de justice et autres bâtiments administratifs et les commerces sont saccagés et pillés par les populations. Et ce fut pareil malheureusement avec la chute du régime Habré où durant 4 jours, la ville a été à la merci des pilleurs. Deby ne croyait pas à un dénouement si facile malgré l’assurance de l’armée français qui est allée le chercher en hélicoptère à 800 Kms de la capitale Ndjaména.
L’interrogation d’Aida DIENE est toute innocente mais riche de sens. Pourquoi l’ancien Président Habré et ses collaborateurs n’ont-ils pas détruit « ces preuves irréfutables » ?
Je vous renvoie la question à savoir : qu’est ce qui prouve que ces documents sont fiables ? Pourquoi portent t-ils que sur des parfaits inconnus difficilement identifiables car leur identité ne dit absolument rien à la conscience collective tchadienne ? Ces « victimes » ne sont ni des hommes politiques, ni des militaires, ni des opposants. Pourquoi alors éliminer de simples citoyens ? Le régime Habré avait d’autres choses plus importantes à faire que de se livrer à une tuerie gratuite. Je vous invite à relire le témoignage du Général Jean Grangeon de l’armée française sur Hissein Habré publié dans la presse locale. Les films policiers nous apprennent que les preuves et les témoins sont le plus souvent éliminés. Ici, Aida DIENE, nous sommes dans la réalité. M. Clément Aboufouta qui se présente comme le fossoyeur de la DDS est bien vivant ! Ce monsieur est un imposteur.
D’ailleurs, pour votre gouverne, sachez que les acquis du régime Habré servent de fondement pour ce Tchad d’aujourd’hui :
-  Réconciliation nationale avec le retour au bercail de tous les chefs politico-militaires ;
-  Recouvrement de la souveraineté territoriale avec la défaite de l’armée d’annexion de Khaddafi et la récupération de la bande d’Aozou ;
-  La reconstruction du pays détruit par des années de guerres ;
-  La mise en place d’une administration qui a réussi des prouesses en un temps record dans le domaine des finances, de l’éducation, de la santé, l’agriculture, la diplomatie, sports, etc. ;
-  Le ficelage de grands projets de développement et d’exploitation minière (le pays est bien doté) notamment le projet pétrolier.

Néanmoins, à l’instar de tous les services de Police et de Renseignements, du Tchad au Sénégal en passant par la France, Israël, Etats-Unis, la Direction de Documentation et de Sécurité (DDS) n’est pas exempte de reproche dans son fonctionnement. Créé en 1983, la DDS est un service d’espionnage et de contre-espionnage. Elle collecte des renseignements qui sont traités à des fins de sécurité nationale. Il y a lieu de dire ici que les agents de la DDS ont reçu des formations en France, aux USA et des instructeurs sont venus au Tchad pour les encadrer. Ils sont donc qualifiés et ont fait un travail professionnel remarquable. Les dérapages et les abus sont malheureusement des faits courants dans ce domaine. Ndiaye est mort des coups administrés par les gendarmes et une enquête est ouverte.
Mais retenons que tous les Agents de la DDS sont restés au pays après le départ du Président Hissein Habré et la majorité a repris son service sous Deby. Sur les 6 Directeurs que la DDS a eus en 7 ans, seuls 2 sont de même groupe ethnique que le Président Habré sans parler de son personnel très mosaïque au niveau national. Aucun n’a été indexé, chahuté, arrêté ou poursuivi en justice ces 23 dernières années. Les tous derniers qui ont été incarcérés après la visite du Procureur Mbacké FALL au Tchad ont déjà recouvert leur liberté.

Faut-il encore rappeler, pour mieux comprendre la complexité de la tâche et les marges d’erreur tolérées, le contexte de l’époque caractérisé par la longue guerre civile entre plusieurs factions armées tchadiennes, la guerre internationale imposée par la Libye du Colonel Khadafi, les ingérences soudanaises, françaises dans les affaires intérieures tchadiennes. La Libye de Khadafi était un pays inscrit sur la liste rouge des pays terroristes et pays soutenant le terrorisme international. Le Tchad d’Hissein Habré en a été plusieurs fois victimes. L’attentat contre la compagnie aérienne française UTA (devenue Air France) en septembre 1989 au dessus du désert de Ténéré au Niger a fait 150 morts dont 62 Tchadiens parmi lesquels le Ministre du plan et de la coopération feu Soumaïla Mahamat, plusieurs fonctionnaires du ministère de l’économie et des finances, des Médecins, des hommes d’affaires (feu Djibrine Doudou), des étudiants... L’enquête a établi la responsabilité de la Libye qui, plusieurs années après, a reconnu cet attentat criminel et même indemnisé les familles des victimes. En 1986, la salle de conseil de ministres a été piégée par une valise bourrée d’explosifs découverte quelques minutes avant l’arrivée des membres du gouvernement. Le Tchad étant un pays enclavé, ses importations transitent par le Cameroun voisin. A plusieurs reprises les ponts sur le fleuve Bénoué reliant à la capitale tchadienne ont été dynamités par les agents secrets libyens, perturbant sérieusement l’approvisionnement en marchandises du Tchad. Des exemples de tentatives d’attentats et d’actions terroristes ne manquent pas et nous pouvons en citer en nombre. Pourquoi personne n’en parle de ces actions terroristes déjouées par la DDS ?

Mieux, la DDS a joué un rôle majeur dans le renseignement militaire en appuyant les Forces Armées Nationales Tchadiennes (FANT) dans la reconquête du nord occupé par les forces libyennes. Ce rôle a été particulièrement salué par tout le peuple tchadien. La paix et la sécurité n’ont pas de prix et les Tchadiens mesurent à juste valeur cette stabilité, eux qui sont contraints de se barricader à 21 heures aujourd’hui !

Donc, quoiqu’on puisse dire aujourd’hui pour jeter le discrédit sur la DDS, les Tchadiens et le Tchad ont été épargnés des foudres des pays terroristes et néo-colonisateurs. Ceux-là même que les Ong des droits de l’homme n’osent jeter un regard critique sur leur passif en Palestine, en Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie, etc. Et que pense Monsieur Reed Brody du Guantanamo ? Un centre de tortures à ciel ouvert où des hommes et des femmes sont capturés à travers le monde entier et acheminés pour être soumis de terribles sévices inhumains. Savez-vous qu’il y a eu des Tchadiens à Guantanamo Monsieur Brody ?

Quant à la bande de représentants autoproclamés des prétendues victimes, Ismaïl Hachim (décédé il y a 3 ans), Jacquelines Moudeina (l’Avocate ratée) et Souleymane Gnenguène (l’espèce en voie de disparition selon Reed Brody) encadrée par Reed Brody (HRW) et secondé localement par Alioune Tine (RADDHO), n’a pas vraiment fait long feu. Comme dirait l’autre : "Les bandits de grands chemins ne se disputent que lorsqu’il s’agit de partager le butin". En effet, Hachim, Jacquelines et Souleymane se sont révélés experts en « victomologie ». S’auto-proclamant porte-parole et défenseur des « victimes » de l’ancien régime, Hachim et ses camarades vont racketter tour à tour les chancelleries, les organisations non-gouvernementales et l’Etat tchadien mais aussi les associations de défense des droits de l’homme à travers le monde et même des institutions internationales. Un véritable business humanitaire qui leur permet de voyager entre Ndjaména, Libye, Bruxelles, Paris, Dakar et les capitales qui reçoivent les sommets de l’Union Africaine. Partout où ils se rendent, passé le show mélodramatique devant les journalistes, ils s’empressent pour partager les pécules et foncer dans les marchés pour les achats de marchandises. A Dakar, des écrits en ligne ont rapporté le cas flagrant de Jacquelines Moudeina qui a transformé le siège de la RADDHO en un véritable magasin de consigne de marchandises.

Courant toujours derrière l’appât du gain facile où tous les coups tordus sont permis, Ismael Hachim et ses camarades ne cachaient plus leur désaccord quant au partage des aides et autres dons. La goutte d’eau qui fera déborder le vase interviendra lorsque la chancellerie de la République d’Allemagne au Tchad a octroyé au nom de l’association un don de 15 millions de francs Cfa aux « victimes » de l’ancien régime. Cette somme, aussitôt encaissée, sera aussitôt détournée par Me Jacquelines Moudeina et Clément Aboufouta et virée dans leur compte personnel. Ismael Hachim floué, porte plainte à Ndjaména et claque la porte de l’association des malfaiteurs, il créé sa propre structure. A Dakar où ils convergent tous, la porte lui sera fermée hermétiquement avec la complicité active de Monsieur Alioune Tine de la Raddho et bien entendu de leur grand patron, l’Américain Reed Brody.

Grillé à l’étranger, Ismaël Hachim s’est finalement rabattu sur l’Etat tchadien où il comptait sur des soutiens solides des mafiosos du clan Deby au pouvoir pour qu’un projet de loi permettant d’indemniser les « victimes » soit adopté. Il est décédé à la veille de la fête de Tabaski 2010 dans un accident de voiture. Tous les comploteurs contre Habré connaîtront le châtiment ici bas avant de subir celui de Dieu.
L’histoire du Tchad n’est pas falsifiable car elle a été écrite avec le sang de ses braves fils aujourd’hui encore glorifiés par tous les griots de l’Afrique de l’Ouest pour leurs faits d’armes au Mali où tous les voisins ont préféré plier la queue face à la force de frappe des islamistes. Et ce n’est pas un hasard quand un passage de l’hymne nationale tchadienne dit : « Peuple tchadien tu as conquis ta terre et ton droit, ta liberté naîtra de ton courage. ». A méditer.

Mahamat TOGOI
Collectif Africain de Soutien au président Hissein HABRE
CAS-HABRE